Je reviens aujourd’hui avec un petit article qui change d’habitude – une envie de me livrer à cœur ouvert sur un sujet bien trop peu abordé à mon goût (et puis cela fait un moment que je n’ai pas publié d’article humeur et j’avoue que ça me manque).
Il y a quelques temps, j’ai pris conscience de quelque chose – on nous parle souvent d’amour non-réciproque, des sentiments amoureux non-partagés ; on y consacre des films, des romans, on trouve partout des conseils sur la meilleure façon de s’en délivrer afin d’aller de l’avant…
Et les amitiés non-réciproques alors?

Car elles existent bel et bien, ces fois où on rencontre des personnes avec qui on rigole bien, tout en ayant plein de points en commun ; on a alors l’espoir qu’une belle histoire d’amitié pourrait naître, avant d’être tôt ou tard ramené-es à la réalité en se rendant compte que la personne en face (aussi gentille qu’elle peut être à notre égard) n’est pas aussi sensible que nous face à cette « connexion » et préfère s’en tenir au statut de simples connaissances, si ce n’est disparaître du jour au lendemain de notre vie, ne laissant derrière elle qu’un sentiment amer ; comme une ombre fébrile d’un potentiel jamais découvert.
J’ai mis plusieurs années à accepter une simple réalité — lorsque j’aime, j’aime d’un amour débordant, inconditionnel. Je m’attache trop et trop vite.
Le fait est que je ne sais pas faire autrement. Je ne sais pas comment laisser entrer quelqu’un dans ma vie, apprendre à le connaître, me dévoiler (la partie la plus difficile pour moi qui a tendance à tout intérioriser) le tout sans ressentir la moindre envie de tisser un lien fort et de me donner à 200%.
Je ne sais pas faire dans la demi-mesure.
Je ne sais pas garder les gens que j’apprécie à une certaine distance, et pourtant, dieu sait que cela m’éviterait une bonne dose de déceptions.
J’ai beau avoir connu ce genre de situations plus d’une fois dans ma vie, il semblerait que je n’arrive pas à faire autrement. Comment rester moi-même tout en bâtissant ce mur invisible autour de moi? Comment être fidèle à la personne que je suis, en passant chaque seconde à faire attention, afin de ne jamais baisser ma garde et en faire « trop »?
L’idée seule m’épuise d’avance et me remplit d’une profonde tristesse.
La vérité est qu’aussi douloureux que cela puisse parfois être pour moi, je ne peux tout bonnement pas me résoudre à devenir une personne froide et inaccessible qui ne se laisse jamais approcher.
Alors oui, je continue de trébucher, de me tromper ; je donne parfois cent fois plus que je ne reçois, j’aime sans mesure et sans concession. J’effleure du bout de mon coeur ce qui « pourrait être » avant de voir ces éventualités se dissiper et me glisser d’entre les doigts comme du sable fin. Je suis dans les premières lignes, j’offre mon coeur, si petit et pourtant si immense… puis je tombe et souvent, je doute.
Car c’est un exercice bien difficile que de ne pas sentir sa confiance ébranlée lorsque ce genre de choses nous arrive et de ne pas se poser mille questions: ai-je fais quelque chose de mal? dis quelque chose qu’il ne fallait pas dire? ne suis-je pas quelqu’un d’intéressant et attachant, pour qu’on finisse tôt ou tard par me mettre de côté, tel un chapitre de livre à peine survolé, qui n’a pas réussi à retenir l’attention? (heureusement, les personnes qui sont là depuis des années balaient ces doutes… mais on ne va pas se mentir, ces moments font quand même très mal)
Et puis, je trouve que le fait qu’on nous mette dans la tête l’idée que ne pas avoir beaucoup d’amis est un red flag, que cela nous rend « louche » parce qu’il y a forcément une raison derrière ça, n’aide pas du tout à y voir plus clair. Pourtant la vérité, c’est que le nombre d’amis ne veut rien dire. Croyez-en mon expérience, on peut être entouré-es et se sentir constamment seul-es (le manque de confiance en nous peut d’ailleurs nous pousser à avoir le plus de potes possible, dans une tentative – souvent vaine – de se prouver quelque chose).
Par le passé, j’étais triste de ne pas pouvoir lier certaines amitiés que j’avais bien trop idéalisé. Aujourd’hui, j’essaie d’en tirer des leçons sans garder de la rancune dans mon coeur, car je sais qui je suis et ce que je vaux — je suis fournie avec des pâtisseries délicieuses illimitées et des soirées pyjama avec du Prosecco, alors vraiment, c’est tant pis pour vous! Non, plus sérieusement, j’apprends petit à petit à lâcher prise et ne pas me focaliser sur ces « échecs ». Car c’est aussi là que réside toute l’ironie; j’ai beau aimer éperdument, quand j’ai mal, c’est puissance mille et il n’y a pas de retour en arrière possible. Sans doute ai-je trop de fierté pour m’accrocher et continuer d’espérer, une fois que je me suis heurtée à un mur.
C’est quelque chose que je ne maîtrise pas encore à la perfection, mais j’y travaille; laisser couler, ne pas être négative et ne pas insister, dès lors que je sens qu’il n’y a pas de réciprocité. Par le passé, trop têtue sans doute, j’étais persuadée qu’il fallait persévérer… même lorsque tout laissait à croire que j’étais la seule à le faire.
Les personnes qui sont censées faire partie de votre vie ne vous feront jamais vous sentir « pas assez » et ne vous donneront pas l’impression que pour les garder, il faut mener un combat quotidien. Bien sûr qu’une relation amicale, tout comme une relation amoureuse, c’est du travail, des concessions, parfois des différends. Mais ça ne doit jamais être source de stress permanent, de remises en question, d’investissement à sens unique.
Si vous sentez que c’est toujours vous qui prenez l’initiative – que c’est toujours vous qui envoyez le premier sms, qui proposez des sorties, qui invitez, posez vous les bonnes questions. Parlez-en avec la/les personne(s) concernée(s) si vous êtes à l’aise avec l’idée. Demandez-vous simplement, si à l’instar d’une relation amoureuse, vous vous sentez épanoui-e dans cette relation amicale? Ou est-ce que vous donnez de votre temps et de votre énergie à quelqu’un qui n’est pas prêt à en faire autant pour vous? Les amitiés à sens unique ne peuvent pas être saines. Elles ébranlent notre confiance en nous, nous font douter, nous épuisent moralement. Alors aussi difficile que ce soit, la meilleure chose à faire est de lâcher prise.
Les gens qui sont supposés être dans votre vie, trouveront toujours un moyen d’en faire partie. Quant aux autres… dites-vous que ce ne sont que des paragraphes dans votre livre, pas des chapitres entiers.
Prendre conscience d’une amitié non-réciproque est douloureux et y mettre fin n’est pas toujours facile, mais en y pensant, peut-on réellement blâmer la personne en face? Après tout, les coups de cœur, que ce soit en amitié ou en amour, ne s’expliquent pas.
Certaines relations ne sont simplement pas « meant to be », c’est aussi ça, la vie.

Merci pour cet article, c’est rassurant de voir qu’on est pas seul.e.s à parfois être déçu.e.s…
C’est vrai qu’on parle beaucoup des ruptures amoureuses qui sont parfois très douloureuses, mais j’ai l’impression que les amicales le sont tout autant. En un peu plus d’un an, je n’ai toujours pas fait le deuil d’une amitié. J’imagine que ça prend du temps, mais que ça montre aussi que l’on a grandi et changé. On ne reste pas toujours les mêmes, et ce qui me rapprochait de cette personne s’est peut-être dissipé. Ça arrive, ça fait mal mais faut continuer d’avancer.
En tout cas, c’est certain qu’il ne faut jamais insister quand on a l’impression de tout donner pour ne rien recevoir en retour. C’est épuisant. Et ça nous fait douter de nous-mêmes, alors que c’est juste l’autre personne qui n’est peut-être pas si sympa…
Des bisous ! Et je te souhaite plein de soirées pâtisseries, avec du Prosecco devant un jeu vidéo !
Oui les ruptures amicales font autant souffrir que les ruptures amoureuses, du moins ça a toujours été mon cas. Comme on est presque conditionné-es à ce que ce soit rare et pas banal tellement on en parle peu/pas, je trouve que ça fait encore plus mal parce que tout de suite on se demande si c’est nous le problème…
Merci en tout cas pour ton petit commentaire, je constate qu’on est bien plus nombreux-ses que je ne le pensais à être passé-es par là.
Gros bisous (et j’espère fort fort qu’on pourra s’en faire toutes les deux! 🥺)
Moi aussi je m’attache trop et trop vite, et cela cause bien des souffrances ! Mais c’est quasiment impossible d’aller contre sa nature pour ce genre de choses. ^^
Les amitiés à sens unique où l’on donne sans jamais rien recevoir, c’est dur, même quand on ne souhaite rien recevoir ou le strict minimum.
C’est compliqué aussi de se faire des amis quand on a été harcelé pendant toute sa scolarité et qu’on a jamais eu d’amis avant d’être adulte.
Et c’est très dur de lâcher prise quand on a envie que tout se passe bien avec tout le monde, mais à notre époque c’est utopique de penser une chose pareille.
Pour finir sur une note plus positive : ton article est très bien écrit ! 🙂
Bonjour, je suis un homme hypersensible et je suis dans cette situation avec une fille, au début j’ai pensé que j’étais amoureux d’elle mais après instrospection j’ai compris que je voulais l’avoir comme amie car on avait plusieurs points communs. Mais voilà c’est une amitié non partagée. Peût etre pense-t-elle que je la drague ce qui n’est pas le cas.
Merci du fond du coeur pour cet article, je me sens moins seul dans ce cas là